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Formation à Mayotte

 



 




Formation des professionnels paramédicaux et médicaux de Mayotte - Avril 2012


Bernard Bauduceau, Jocelyne Bertoglio, Sandra Charrière, Michelle Joly, Christiane Mourrey


 


Faisant suite à une demande officielle de l’ARS auprès de la SFD paramédical pour l’organisation d’une formation des professionnels de santé de l’île de Mayotte, une délégation composée de 2 infirmières, de deux diététiciennes et d’un diabétologue s’est rendue dans ce département français de l’Océan indien au mois d’Avril 2012. Une première mission programmée au mois d’Octobre 2011 avait du être reportée en raison de graves troubles sociaux.


 


Le réseau RédiabYlang 976


C’est pour améliorer la qualité des soins destinés aux diabétiques que le réseau RédiabYlang 976 a été créé en 2010. Il s’agit d’une Association loi 1901 dont les objectifs sont de :


  • Former les professionnels de santé
  • Accompagner les patients dans leur parcours de soins
  • Coordonner les professionnels de santé dans les relations ville-hôpital
  • Recueillir des données statistiques et épidémiologiques

C’est à l’initiative de ce réseau, soutenue par l’ARS de Mayotte que la mission de formation de la SFD a pu se mettre en place


 


Un déficit de formation des soignants en diabétologie


Il existe en effet une hétérogénéité très grande dans le niveau de connaissance des différents partenaires de soins en matière de diabète ainsi que cela est clairement apparu lors des séances de formation. Ce déficit est aggravé par le cloisonnement qui existe entre la ville et l’hôpital, le public et le privé ainsi qu’entre médecins et paramédicaux. Les objectifs de la mission de la SFD étaient donc de tenter d’améliorer cet état de fait : 


  • En réactualisant les connaissances
  • En harmonisant les pratiques  
  • En sensibilisant et en orientant les soignants vers une prise en charge préventive 
  • En adaptant l’alimentation dans le respect des croyances et des habitudes culturelles

 


Déroulement de la formation SFD Paramédical


Toutes les séances de la formation se sont déroulées dans les locaux du réseau et l’accueil réservé à la mission a été particulièrement amical et chaleureux. Cette formation a alterné pendant 3 jours des séances plénières et des ateliers pratiques très appréciés notamment pour ceux consacrés à la diététique Ces journées ont été l’occasion d’échanges très riches sur le plan humain et professionnel. Le retour des participants a été favorable pour plus de 95 % d’entre eux. La volonté des soignants pour mieux prendre en charge les diabétiques est apparue comme une constante de ces journées. La motivation des infirmières libérales, souvent isolée et exerçant dans des conditions très difficiles ne peut que forcer l’admiration. 


 


Mais des points négatifs


Face à ces points positifs indiscutables et à la satisfaction du devoir accompli par cette mission, force est de souligner un certain nombre de points négatifs. C’est ainsi que les membres de la SFD n’ont eu que très peu de contact avec l’ARS pourtant à l’origine du projet, aucun avec l’Hôpital et très peu avec les médecins qui prennent en charge les diabétiques. L’impression globale est un sentiment de manque de coordination des soins et des moyens. Il s’agit à l’évidence d’un département en souffrance en raison de la pauvreté et de l’insécurité expliquant que la durée de séjour des soignants n’excède pas quelques années. La mise en place de structures de soins destinées en particulier aux diabétiques s’avère donc difficile que nécessaire.


 


En conclusion


Les objectifs de cette mission ont été globalement accomplis mais le sentiment de tous est que beaucoup de travail reste à faire dans la formation des soignants et plus encore dans l’organisation des soins destinés à ces si nombreux malades. L’implication du réseau RédiabYlang 976 et la motivation des paramédicaux qui ont si bien accueilli cette mission sont une raison d’espérer pour une meilleure prise en charge du diabète dans ce département.


 


 


Pour comprendre cette demande de formation auprès de la SFD paramédical


Un peu d’histoire et de géographie


L’île de Mayotte est située dans le canal du Mozambique entre l’Afrique et Madagascar. Elle fait partie de l’archipel des Comores mais contrairement aux 3 autres îles, elle est devenue Française et est devenue le 101ème département en 2011. Elle est composée de 2 îles entourées d’un lagon dont la plus petite accueille l’aéroport. La surface globale est 376 km2 (3 fois Paris intramuros) et compte 186 000 habitants dont beaucoup de clandestins venus des autres îles et notamment d’Anjouan. La population est d’origine Bantou et de religion musulmane.


Si le niveau de vie a presque doublé ces dernières années, les Mahorais restent globalement très pauvres, une personne sur 10 disposant de moins de 850 Euros par an. La population est très jeune (âge moyen 22 ans) et le chômage bien qu’en régression atteignait un adulte sur 4 en 2011. L’habitat est précaire et l’île accueille les plus grands bidonvilles de France. Ces considérations sont essentielles à la compréhension de la difficulté de la prise en charge des diabétiques qui sont particulièrement nombreux.


Etat sanitaire


La précarité et les conditions de vie difficiles expliquent pour une grande partie l’état sanitaire qui demeure préoccupant en dépit de progrès incontestables puisque le taux de mortalité est passé de 25 à 7 pour 1000 en 50 ans. Les pathologies transmissibles par les moustiques (dengue, chikungunya et filariose) par l’eau (turista, choléra, typhoïde, hépatite A) ou interhumaine (tuberculose ou VIH : moins de 5% de la population) et la leptospirose demeurent à l’avant de la scène. Toutefois, les maladies chroniques non transmissibles et notamment le diabète constituent chaque jour davantage une préoccupation des responsables sanitaires.


Epidémiologie du diabète


Le diabète de type 2 est en effet particulièrement fréquent et sa prévalence se situe à 11% en seconde place après celle de la Réunion. Le surpoids et l’obésité expliquent cette fréquence du diabète. En effet, la moitié des hommes et 80% des femmes sont en surpoids ou obèses. Parmi les diabétiques, 79% des hommes et 94% des femmes sont en surpoids ou obèses. Le diabète est méconnu chez la moitié des malades et l’équilibre glycémique n’est pas obtenu chez 50% des malades traités. Ces faits expliquent la gravité de la maladie et de ses complications constatées.


Offre de soins


L’organisation des soins est sous la responsabilité de l’ARS comme en métropole. Un grand hôpital est situé dans la capitale à Mamoudzou et il existe une annexe sur petite terre. L’activité de cette structure est très importante puisqu’elle accueille notamment la plus grande maternité de France. Des dispensaires sont répartis sur l’ensemble des secteurs du département. Les soins ne sont plus gratuits dans le public depuis 2005 et les malades doivent présenter une carte de sécurité sociale ou régler des honoraires de 10 euros. Cette offre de soins est complétée par l’activité de médecins privés et par un réseau d’infirmières libérales. La prise en charge des diabétiques est assurée par ces différentes formations mais la coordination des soins paraît perfectible.


Implication des médias


L’intérêt que porte la population sur le diabète est largement relayé par les médias qui ont fait une large place aux membres de la mission. C’est ainsi que la presse, la télévision et la radio se sont fait l’écho de cette formation ce qui a permis de mieux faire comprendre à la population mahoraise les enjeux du diabète, de ses complications et de sa prise en charge.


 


Référence


Article revue soin Vol 58 n°778 Sept 2013 : Une formation au diabète sur l’Ile de Mayotte p23-24


B.BAUDUCEAU, J.BERTOGLIO, S.CHARRIERE, M.JOLY, C.MOUREY.


 


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Formation de professionnels sur la plaie du pied à Mayotte - Avril 2014


Catherine Journot (Podologue,Toulouse), Ivano Mantovani (Infirmier, Monaco)


 


A l’occasion de la journée nationale de prévention de la santé du pied, et après une première collaboration positive, le réseau RéDiabYlang 976 et la SFD Paramédical ont organisé une formation avec le soutien de l’ARS de Mayotte afin de poursuivre la sensibilisation des professionnels de santé déjà initiée en 2012.


 


Le réseau RéDiabYlang, Association loi 1901 créée en 2010, destiné à améliorer la qualité des soins aux patients diabétiques, encourage les Mahorais à la pratique d’une activité physique régulière et à un meilleur équilibre de leur alimentation. Le retour à une alimentation locale moins riche en graisse, une consommation plus importante de fruits et de légumes constituent un rempart au caractère héréditaire de la maladie.


Pour suivre la lancée de l’arrivée d’un diabétologue sur l’île, le réseau RéDiabYlang et la SFD Paramédical se sont associés pour sensibiliser les pouvoirs publics et la population quant à la nécessité de compter un podologue parmi les praticiens.


Lors de l’arrivée de l’équipe sur place, il a été frappant de constater une réelle implication des médias locaux. Presse, télévision et radios ont ainsi relayé la formation auprès de la population. De même, l’interview d’un chef religieux diabétique présente l’avantage d’ancrer l’intervention dans la culture locale afin d’opérer une meilleure sensibilisation. Le constat d’un grand intérêt médiatique retransmis à la population Mahoraise est encourageant car c’est grâce à une diffusion importante que la formation sera à même de porter ses fruits.


En effet, le risque de blessures engendré par la diminution ou l’absence de la sensibilité liées à la maladie, favorise la surinfection qui amène souvent le patient à une amputation partielle ou complète du pied.


 


La présence d’un podologue sur l’île permettrait d’évaluer les risques, de mettre en place des soins de prévention et d’élaborer des orthèses et des prothèses pour améliorer la qualité de vie du patient à risque. Toutefois, l’accès aux soins semble un facteur limitant au traitement du pied diabétique.


Ainsi, l’auto éducation des patients constitue un pilier fondamental du traitement de la maladie, d’autant plus dans une région à forte imprégnation religieuse. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’intervention d’un soignant pratiquant la prise en charge des plaies dans un milieu hospitalier. 


Parce qu’aucune éducation thérapeutique ne peut correctement être effectuée sans connaître les fondements de la maladie, la formation a commencé par la mise en évidence des risques fondamentaux du diabète de type 2 à travers la physiopathologie, le traitement et ses complications.


La dimension pratique étant au cœur de la collaboration entre la SFD Paramédical et le réseau RéDiabYlang 976, l’accent a particulièrement été mis sur l’utilisation des différents dispositifs et pansements selon le stade et la nature de la plaie.


En définitive, si une notion clé devait être soulignée parmi les conseils donnés, c’est bien celle de la « décharge » consistant dans la nécessité de décharger la plaie de toute pression. Si en métropole le concept de décharge ne soulève pas de difficultés, il n’en va pas de même sur l’île de Mayotte où l’accès aux soins n’est pas aisé. Le challenge de cette formation réside alors dans l’interaction entre tous les participants afin de trouver des solutions palliatives pour compenser le manque de moyens. 


Cette expérience humaine particulièrement enrichissante pour une équipe de soignants en provenance de la métropole s’est achevée par une évaluation particulièrement positive


 


Quelques chiffres


Selon l’étude « Prévalence média » réalisée en 2008, 10,6 % de la population Mahoraise âgée de 30 à 69 ans est atteinte du diabète. En métropole, elle n’est que de 4 %.


Sur l’île, le diabète de type 2 est pris en charge par des médecins généralistes, faute de diabétologue. 


Passant de 25 à 7 pour 1000 en 50 ans, le taux de mortalité bien qu’en régression, atteste de la précarité et des conditions de vie difficile pour une grande partie de la population. Même si les maladies transmissibles restent sur le devant de la scène, les maladies chroniques non transmissibles et notamment le diabète constituent une des préoccupations majeures des responsables sanitaires. L’arrivée récente d’un diabétologue sur l’ile (Dr Dominique Rossi) s’inscrit dans une volonté réelle d’améliorer la prise en charge des diabétiques.


 


Située entre l’Afrique et Madagascar, l’île de Mayotte est devenue le 101e département français en 2011. Elle compte 186 000 habitants dont beaucoup de clandestins venus des autres îles. Bien que le niveau de vie s’améliore, une personne sur dix dispose de moins de 850 € par an. Très jeune, la population est âgée de 22 ans en moyenne. La conjoncture ainsi décrite explique en partie la difficulté de prise en charge des patients diabétiques.


 


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