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La francophonie, une priorité pour la SFD

 

Par le Pr Serge HALIMI
Service Endocrinologie Diabétologie Nutrition
CHU de Grenoble

 

Notre société savante a, dès l'origine, adopté un intitulé sans équivoque « Association de Langue Française » (Alfediam) et aujourd'hui elle est devenue la SFD « Société Francophone du Diabète ». Ses membres sont certes majoritairement français mais dès l'origine elle fut crée par nos aînés, diabétologues français et belges, ces derniers continuant à jouer un rôle déterminant dans notre société savante. Voilà des années que, de plus, nos collègues suisses, luxembourgeois et québécois sont des acteurs importants de notre société et participent à nos instances, groupes de travail et nos réunions scientifiques. Ce sont, maintenant, nos collègues du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) et d'Afrique sub-saharienne (Mali, Burkina, Sénégal, Cameroun, Bénin, Côte d'Ivoire, Guinée Konakri, Mauritanie…), qui se joignent à nos instances, congrès, publications. D'autres, comme au Cambodge, aspirent à nous rejoindre. Dans tous les pays, en particulier en Afrique et au Moyen Orient, le diabète devient un, voire le, problème majeur de santé publique et nos collègues se tournent de plus en plus vers la SFD et en attendent des actions tangibles, un lieu de partage, de réflexion, de recherche, d'aide à la formation. La manifestation la plus visible est bien entendu l'organisation de notre congrès annuel hors de France, jadis Marrakech, Montréal, Luxembourg, récemment Bruxelles et en 2011 Genève. Il sera, toutefois, de plus en plus difficile d'organiser nos réunions annuelles loin de France tant la réglementation actuelle et le nombre considérable de ses participants s'y opposent désormais au delà des rares pays limitrophes. Mais la volonté et les ambitions « francophones » de la SFD n'ont jamais été aussi grandes. En créant en 2009 plusieurs commissions, la SFD a mis en bonne place celle chargée des « Actions en Francophonie » que j'ai l'honneur de présider, composée de membres reflétant cette diversité et qui a déjà à son actif plusieurs actions tangibles, fortes et plus encore de projets prometteurs. Des bourses dédiées à des actions en Afrique Subsaharienne ont été crées visant à soutenir des projets portant sur des problématiques propres à ces régions. Avec le Pr Mohamed Belhadj (Oran), le Pr Assa Sidibé (Mali) , le Pr Joseph Drabo (Burkina), le Dr Xavier Debussche, l'aide logistique d'une ONG (Diabète Santé Mali) et le soutien de fonds de ministères français pour ses quatre premières années de fonctionnement, nous avons réalisé notre projet. Mettre en place un DES de Diabétologie Nutrition Endocrinologie et un DU de diabétologie en Afrique Subsaharienne, à l'automne 2010 dont les premiers cours débuteront à Bamako début 2011, assurés par des enseignants africains et européens. En Algérie plusieurs actions de formation et d'échanges ont débuté : une « édition Maghreb » du congrès annuel de l'Alfediam avait réuni 800 participants en 2009, à Oran encore, une formation à l'éducation thérapeutique de personnels soignants est maintenant engagée grâce à l'aide de la « Commission formation » de la SFD et « la SFD Paramédicale » qui assurent ces formations régulières depuis l'été 2010. Plusieurs congrès sont organisés chaque année entre francophones, au Maroc, en Tunisie, comme en Algérie. Enfin en novembre 2010, se sont tenues à Alger, les « 1ère Rencontre Franco-Algérienne de Diabétologie » sur la base d'une parité de médecins des deux rives de la Méditerranée, avec pour but d'échanger sur nos pratiques dans la prise en charge des nombreux diabétiques issus du Maghreb résidant en France ou dans leur pays d'origine, afin d'ouvrir des pistes de recherche clinique dans de nombreux domaines et travailler de plus, sur le problème posé par les navettes entre les deux rives. Le but étant de réduire le morcellement de leur parcours de soins. L'autre but fut de contribuer à entreprendre une structuration de l'éducation thérapeutique, selon des modalités adaptées à un système médical moins engagé dans cette voie. Si la SFD a fait le choix d'un organe de publication officiel en anglais, d'autres publications en langue française connaissent un succès important témoignant de l'attachement à la langue et à des valeurs éthiques, médicales, partagées dont est porteuse la Francophonie au delà de la seule dimension linguistique.

Mais la Francophonie a-t-elle encore un sens en une ère où l'anglais semble aussi incontournable que l'est l'informatique ou Internet ? A notre sens oui, plus que jamais, la mondialisation constituant aussi une chance et non uniquement un risque. La Francophonie réunit en effet toutes les qualités pour devenir un des acteurs de la diversité culturelle. Au delà des seuls pays où le français est la langue principale ou largement parlée, nombre de pays, par exemple arabophones, aspirent à jouer un rôle déterminant dans le développement de la Francophonie comme en témoigne le choix d'implanter l'Université mondiale francophone à Alexandrie. Des actions de téléconférence sont organisées régulièrement par l'Université Numérique Francophone Mondiale et des échanges fructueux ainsi rendus possibles. La force de notre langue n'est plus celle de la domination mais d'une capacité à partager, à dialoguer, à écouter. Conflictuelle d'un passé aux regards croisés la francophonie est composante de l'histoire de plusieurs peuples, chacun y jouant son rôle, y apportant sa contribution, sa richesse. Faisons en sorte que la francophonie fruit de l'histoire soit délibérément tournée vers le futur. Le nouveau site Internet de la SFD ouvre ses portes, il comprendra parmi bien d'autres volets, celui concernant les Actions en Francophonie. Faites-le vivre de vos informations, signalements d'actions, collaborations et de vos suggestions.